Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 14:13

La liberté religieuse profite aux incrédules
et aux ennemis du Christ

 

Comte rendu  des remarques de l'Icres sur l'actualité.

 

Céline Muhgot (CM)

 

Les protestations de nombreux catholiques devant les spectacles blasphématoires actuels posent-elles un problème de Doctrine Sociale ou bien est-ce uniquement une question de politique intérieure ? Ou bien est-ce une question purement religieuse ?

  

Michel Tougne (MT)

 

La question touche à la religion et spécialement aux droits de Dieu. Elle concerne également l'art, puisque les auteurs de ces pièces blasphématoires prétendent faire oeuvre d'art. Enfin elle concerne l'ordre social et le rôle de l'Eglise. Nous n'arriverons pas à tout traiter. Il nous faut choisir.

 

 

Antoine Marie Paganelli (AMP)

 

Tout vient de l'interprétation de la laïcité. Or la laïcité fait partie de la doctrine sociale. L'Etat laïc doit-il être athée ?

 

 Hugo Clementi (HC)

 

Commençons par la question de la liberté religieuse. Il contient tous ces aspects.

 

 

CM.

 

Dans mon rôle d'objectant, je vais vous citer les positions de l'Eglise conciliaire. Nous pourrons voir ensuite ce que l'ICRES peut en dire. Nous reviendrons ensuite aux protestations des catholiques qui ont retenu l'attention du public.

Voici quelques citations tirées du Compendium de Doctrine Sociale éditée par le Vatican en 2005 :

 

§ 421 "Le Concile Vatican II a engagé l'Eglise catholique dans la promotion de la liberté religieuse. La Déclaration "Dignitatis Humanae" précise dans son sous-titre, qu'elle entend proclamer le "droit de la personne et des communautés à la liberté sociale et civile en matière religieuse". Afin que cette liberté voulue par Dieu et inscrite dans la nature humaine puisse s'exercer, elle ne doit pas être entravée, étant donné que "la vérité ne s'impose que par la force de la vérité elle-même" (D. H. ).

La dignité de la personne et la nature même de la recherche de Dieu exigent pour tous les hommes l'immunité de toute coercition dans le domaine religieux. La liberté religieuse n'est pas une licence morale d'adhérer à l'erreur, ni un droit implicite à l'erreur. "

§ 422 "La liberté de conscience concerne l'homme individuellement et socialement" (CEC., 2105) Le droit à la liberté religieuse doit être reconnu dans l'ordre juridique et sanctionné comme droit civil" (D. H.).  

 

AMP

 Il conviendrait d'expliquer en quoi la liberté religieuse concerne les injures et les blasphèmes proférés dans ces pièces de théâtre.

Pour ma part, je dirai que la connexion des deux questions vient de ce que les pièces incriminées parlent de Notre-Seigneur Jésus-Christ de manière abjecte et infamante. Mais certains ecclésiastiques ont trouvé cela très beau. Ils se sont dits totalement "bouleversés et interpellés dans leur foi". La réaction des uns suffit-elle à relativiser l'indignation des autres ? Ce faisant ils ont posé la question de la liberté religieuse.

 

 HC

 Le subjectivisme conduit à plonger toute réaction et tout raisonnement dans une insurmontable relativité. Il n'est plus possible d'affirmer quoi que ce soit. Tout jugement disparaît. L'intelligence fait naufrage. Pour ne pas s'exposer à ce danger, je propose d'examiner certains textes du magistère antérieur à Vatican II.

 

Pie VI. Lettre Quod aliquantulum, du 10 mars 1791, aux évêques français de l'Assemblée Nationale:

 «L'effet nécessaire de la Constitution décrétée par l'assemblée est d'anéantir la religion catholique et, avec elle, l'obéissance due aux rois. C'est dans cette vue qu'on établit, comme un droit de l'homme en société, cette liberté absolue qui non seulement assure le droit de n'être pas' inquiété sur ses opinions religieuses, mais qui accorde encore cette licence de penser, de dire, d'écrire et même de faire imprimer impunément en matière de religion tout ce que peut suggérer l'imagination la plus déréglée ; droit monstrueux qui paraît cependant résulter à l'assemblée de l'égalité et de la liberté naturelles à tous les hommes. Mais que pouvait-il y avoir de plus insensé que d'établir parmi les hommes cette égalité et cette liberté effrénée qui semble étouffer la raison, le don le plus précieux que la nature ait fait à l'homme et le seul qui le distingue des animaux

 

Pie VII. Lettre apostolique Post tam diuturnitas, à l'évêque de Troyes, en France, condamnant la «liberté des cultes et de conscience» accordée par la constitution de 1814 (Louis XVIII) :

 «Un nouveau sujet de peine dont Notre coeur est encore plus vivement affligé, et qui, Nous l'avouons, Nous cause un tourment, un accablement et une angoisse extrêmes, c'est le 22e article de la Constitution. Non seulement on y permet la liberté des cultes et de conscience, pour Nous servir des termes mêmes de l'article, mais on promet appui et protection à cette liberté, et en outre aux ministres de ce qu'on nomme les cultes. Il n'est certes pas besoin de longs discours, Nous adressant à un évêque tel que vous, pour vous faire reconnaître clairement de quelle mortelle blessure la religion catholique en France se trouve frappée par cet article. Par cela même qu'on établit la liberté de tous les cultes sans distinction, on confond la vérité avec l'erreur, et l'on met au rang des sectes hérétiques et même de la perfidie judaïque l'Epouse sainte et immaculée du Christ, l'Eglise hors de laquelle il ne peut y avoir de salut. En outre, en promettant faveur et appui aux sectes des hérétiques et à leurs ministres, on tolère et on favorise, non seulement leurs personnes, mais encore leurs erreurs. C'est implicitement la désastreuse et à jamais déplorable hérésie que saint Augustin mentionne en ces termes: "Elle affirme que tous les hérétiques sont dans la bonne voie et disent vrai, absurdité si monstrueuse que je ne puis croire qu'une secte la professe réellement

 

 

CM

 N'est–il pas quelque peu provocateur de citer des papes du dix-huitième et dix-neuvième siècles ?

 

 

HC

 Il ne s'agit pas de provoquer, mais de nous appuyer sur les textes du magistère. Nous montrons simplement que ce magistère est constant. C'est ce qu'on appelle chez nous la Tradition. Voici d'autres citations :

 Grégoire XVI. Encyclique Mirari vos, du 15 août 1832, condamnant le libéralisme soutenu par Félicité de Lamennais:

 "De cette source empoisonnée de l'Indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire: qu'on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l'Eglise et de l'Etat, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d'impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. " Quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l'erreur!" , disait saint Augustin."

 

Dans l'Encyclique Libertas, Léon XIII condamne également la liberté de refuser la religion. Il distingue pour cela entre la liberté de faire le bien, s'orienter vers Dieu, et la liberté de faire le mal, de s'éloigner de Dieu. Seule, la première liberté est authentique. La seconde n'est pas la vraie liberté, mais plutôt l'esclavage du péché.

 "C'est pourquoi offrir à l'homme la liberté dont Nous parlons, c'est lui donner le pouvoir de dénaturer impunément le plus saint des devoirs, de le déserter, abandonnant le bien immuable pour se tourner vers le mal : ce qui, nous l'avons dit, n'est plus la liberté, mais une dépravation de la liberté et une servitude de l'âme dans l'abjection du péché."

 Pour parfaire nos sources, citions Pie XII, dernier Pape avant le concile Vatican II

 

 Pie XII Summi Pontificatus (20 octobre 1939) § 38; "Il est une autre erreur non moins dangereuse pour le bien être des nations (…) C’est l’erreur contenue dans des conceptions qui n’hésitent pas à délier l’autorité civile de toute espèce de dépendance à l’égard de l’être suprême, cause première et maître absolu, soit de l’homme soit de la société, et de tout lien avec la loi transcendante qui dérive de Dieu comme de la première source."

Et encore :

Pie XII, discours du 8 décembre 1947 aux membres de la jeunesse romaine d'Action catholique

 "La mission de l'Eglise et de chacun de ses fidèles est restée toujours la même: ramener au Christ la vie personnelle , la vie privée, la vie publique ; ne pas s'accorder de répit avant que le vie toute entière ait été imprégnée et renouvelée par la doctrine et la loi du Christ. Il est Notre seigneur, Notre Roi, Notre Paix. Bien mieux : plus sont aujourd'hui violent les efforts de l'incrédulité, et de l'irréligion pour écarter le Christ et son Eglise du chemin de l'humanité, plus les rangs de la milice chrétienne et particulièrement de la jeunesse, doivent se serrer et combattre pour les droits souverains du Christ et la liberté de l'Eglise, dont dépendent non seulement le salut éternel des âmes , mais encore la dignité et le bonheur des hommes sur terre, l'ordre civil, la justice et la paix. Ici, toute vivisection est mortelle ; on ne tue pas le chrétien sans supprimer du même coup le citoyen et l'honnête homme. Quand la vie cesse d'être chrétienne, elle est exposée à tomber bien vite dans l'incrédulité et dans la barbarie."

 

 CM

 Toute personne de bonne foi ne peut que constater la différence de ton et finalement l'incompatibilité des textes post Vatican II avec les citations du magistère antérieur.

  

MT

 Merci à Hugo Clementi de son travail nécessaire de recherche et de compilation. Nous avons, je crois, amplement démontré que la liberté religieuse était une question de doctrine sociale. Nous voyons également l'opposition dramatique, désastreuse entre les magistères pré-conciliare et post-conciliaire. Je voudrais pour ma part revenir sur deux affirmations du compendium :

 - "Afin que cette liberté voulue par Dieu et inscrite dans la nature humaine puisse s'exercer, elle ne doit pas être entravée"

Ici ; le compendium fait abstraction de la mauvaise liberté qui s'éloigne de Dieu. Cette liberté là n'a pas été inscrite par Dieu dans la nature humaine. Elle provient de l'homme pécheur.

 - "La liberté religieuse n'est pas une licence morale d'adhérer à l'erreur."

L'expérience que nous avons dans notre société apostate et que même certains ecclésiastiques, hélas, nous démontrent par leur attitude laudative vis-à-vis  des spectacles blasphématoires, c'est malheureusement la confusion de la licence morale avec la liberté religieuse.

 

 

CM

 Arrêtons ici provisoirement nos échanges afin que le compte rendu reste lisible. Nous reprendrons prochainement. A très bientôt.  

 

Partager cet article
Repost0

Profil

  • ICRES
  • La politique est refoulée par les mêmes causes qui ont éliminé la religion. Dès lors, que reste-il de la société ? La science ? Mais la science ne donne aucun sens aux actes humains. Il est urgent de retrouver la mémoire de ce que nous sommes
  • La politique est refoulée par les mêmes causes qui ont éliminé la religion. Dès lors, que reste-il de la société ? La science ? Mais la science ne donne aucun sens aux actes humains. Il est urgent de retrouver la mémoire de ce que nous sommes

Pie XII


La grande misère de l'ordre social est qu'il n'est ni profondément chrétien  ni réellement humain, mais uniquement technique et économique

Recherche

Contact

 

Contactez-nous à publicationsicres@sfr.fr

Pages