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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 21:47

Le titre de cet article fait référence aux quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre en 1988. Mais pour le vingt-cinquième anniversaire, ils n’étaient plus que trois, Mgr Fellay ayant réussi  à expulser Mgr Williamson. VINCENT LHERMITE, dans le corps de l’article, analyse la déclaration des trois évêques restants. 
Hugo Clementi

 

Ils étaient quatre…

Introduction

Le 27 juin 2013, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire des sacres épiscopaux que Mgr Marcel Lefebvre a faits le 30 juin 1988, les 3 évêques membres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) ont signé une déclaration lue par l’un d’entre eux.

La déclaration

Si le principe d’une déclaration à cette occasion ne fait pas discussion, le contenu a suscité de vives interrogations et des polémiques. Qu’en est-il ? Une comparaison pourra nous éclairer.

L’apport

Quel est l'apport particulier du concile Vatican II ? Il n'a pas développé la foi, il s'est contenté de reprendre des vérités déjà définies mais il y a mêlé des erreurs, c'est là sa note distinctive, c'était là sa raison d’être.

Qu'apporte de nouveau la déclaration de 2013 par rapport à celle que fit Mgr Lefebvre le 21 novembre 1974 par exemple ? Plusieurs ambiguïtés et une nouveauté. Nous passerons sur la plupart des premières pour nous concentrer sur le point 11 où est évoquée une entente possible avec Rome soit par le retour non équivoque de celle-ci à la tradition, il faudrait alors parler de conversion, rien de nouveau ici ; soit par la reconnaissance unilatérale que Rome ferait de la FSSPX telle qu’elle est, avec la prédication intégrale de la foi et le droit et le devoir de condamner les erreurs et les fauteurs d’erreurs quels qu’ils soient. C'est cela qui est nouveau et c'est là probablement sa raison d’être.

Les deux Rome

Mais tout d’abord, de quelle Rome s’agit-il ? La déclaration ne fait pas de distinction, n’évoque pas même cette possibilité qu’il y ait deux Rome. Il faut donc en conclure qu’il n’y en a qu’une. En son temps, Mgr Lefebvre ne voulait pourtant pas confondre la Rome éternelle maîtresse de sagesse et de vérité qu’il a toujours servie et la Rome de tendance néo-protestante et néo-moderniste qu’il a toujours combattue. Cette absence de distinction fonde une ambiguïté qui a des conséquences bien désastreuses.

La seconde hypothèse

Pratiquement, cette confusion des deux Rome justifie la seconde possibilité. En effet, l’explication que la hiérarchie de la Fraternité donne est la suivante : si le pape reconnaissait ainsi la FSSPX, cela signifierait qu’il n’est plus moderniste. Cependant, il se pourrait qu’il soit trop faible et isolé parmi une hiérarchie conciliaire qui, elle, ne serait pas convertie, pour remettre les choses en ordre dans l’Église. Il aurait donc besoin d’aide pour opérer la restauration.

Au passage, on notera tout de même que la déclaration dit dans les deux hypothèses « Rome » et que l’explication que donne la voie hiérarchique dit « le pape » pour la seconde hypothèse. Il se produit un glissement sémantique entre la déclaration et l’explication de celle-ci.

Dans la première hypothèse non seulement le pape mais encore toute la hiérarchie se convertit. Dans la seconde, le pape n’est plus moderniste mais faible et isolé. Nous serions donc en présence d’un pape pas assez fort pour imposer la foi à l’Église militante mais qui le serait assez pour lui imposer la FSSPX. C’est une explication qui laisse dubitatif mais dont on comprend l’intérêt si les dirigeants de la FSSPX envisagent à plus ou moins brève échéance un accord avec Rome qui tiendrait toujours, et plus que jamais, au concile Vatican II.

Portée de la seconde hypothèse

Tôt ou tard, cette seconde hypothèse paraîtra même plus raisonnable, plus prudente, plus sage que la première car, même si, Dieu étant tout-puissant, il peut convertir tout le monde d’un coup, habituellement, il ne procède pas ainsi. La conversion du pape faible et isolé qu’il faudrait soutenir prend donc dans cette optique une place de choix pour les perspectives futures. Elle serait finalement la marque d’une clairvoyance exceptionnelle de chefs qui auraient reçu une assistance toute particulière. C’est sans doute là qu’il faut trouver les signes de la Providence évoqués au début du point 11, signes difficiles à comprendre, que seule une grâce d’état insigne permet de connaître, d’où la confiance qui est exigée sans explications convaincantes pour éclairer l’intelligence.

Vers d’autres horizons

Cette déclaration permet ainsi, par cet acte solennel des trois évêques, de faire évoluer la position officielle de la FSSPX qui passe de “pas d’accord pratique sans accord doctrinal préalable”, principe arrêté par le Chapitre Général de 2006, à “accord pratique possible mais à six conditions dont trois souhaitables” comme l’a décidé le Chapitre Général de 2012, pour arriver à cette seconde hypothèse en 2013 qui est l’unique nouveauté et qui, partant, est l’élément fondamental et le ferment de cette déclaration solennelle.

La prédication de la vérité

Quant à prêcher la vérité et condamner les erreurs, tous ceux qui ont signé des accords avec la Rome actuelle après lui avoir résisté - j'écris bien tous ! - ont obtenu la possibilité d'agir ainsi et tous sont tombés. Qu’affirmait donc Dom Gérard Calvet OSB de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux dans le journal Présent du 18 août 1988 ?

« Nous avons mis à la signature de cet accord deux conditions :

.  Que cet événement ne soit pas un discrédit porté sur la personne de Mgr Lefebvre : cela a été dit à plusieurs reprises au cours de notre entretien avec le cardinal Mayer, qui a acquiescé. D’ailleurs, n’est-ce pas grâce à la ténacité de Mgr Lefebvre que ce statut nous est octroyé ?

.   L'église conciliaire n'est pas la voix de notre pasteur, nous n’avons rien à faire avec elle ni avec ceux qui, même de cœur, s'attachent à elle.

 

Les mots sont clairs, les conséquences aussi : en 1993 le Barroux a accepté le Catéchisme de l’Église catholique comme étant une magnifique synthèse du magistère de l’Église incluant le concile Vatican II ; en 1995 Dom Gérard Calvet a concélébré la messe dans le nouveau rite.

Prudence surnaturelle

Cependant, on pourrait objecter que le Barroux, comme la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, n’avait pas d’évêque alors que la FSSPX en compte trois parmi ses membres, et cela change tout. C’est vrai pour ces communautés mais faux si l’on considère l’Union Sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney de Campos au Brésil, qui a eu pour fondateur Mgr Antonio de Castro-Mayer, et qui a signé un accord avec Rome alors qu’elle comptait en son sein un évêque, Mgr Licinio Rangel, et qu’elle a obtenu le sacre épiscopal de l’un de ses membres, le Père Fernando Aréas Rifan. Cela ne l’a pas empêché de dévier.

Les dirigeants et les membres de ces communautés seraient-ils tous des faibles ? N’avaient-ils pas la foi, la ferme volonté et la profonde conviction, certes candide, de pouvoir mener le bon combat malgré vents et marées en étant soumis à la hiérarchie ? Les faits montrent qu’ils n’ont pas été prudents. L’autorité vient-elle d’en haut ou d’en bas ? D’en haut, bien sûr. Il est donc dans l’ordre des choses que ce soit les supérieurs qui influencent leurs subordonnés et non l’inverse. Tout accord juridique avec la l’église conciliaire ferait d’elle le supérieur qui influerait son esprit dans ses subordonnés nouveaux venus.

Condamnations des erreurs

De plus, alors même qu'aujourd'hui, rien ne lie la FSSPX à Rome, les condamnations des erreurs doctrinales et des fauteurs d’erreurs se font rares ou sont très édulcorées, fera-t-on preuve de plus de fermeté quand le lien juridique existera ? Comment pourrait-on y croire ? Aujourd’hui, plus de condamnations pour être acceptés, demain, plus de condamnations pour être gardés. La crainte d’être parias aujourd’hui sera remplacée demain par celle d’être sanctionnés. La FSSPX le dit haut et fort, elle est au service de l’Église pour l’aider à retrouver sa tradition. Mais pour cela il faut avoir de l’influence et comment en avoir quand on est sanctionné ?

 

La vérité et l’opinion

Il n’est pas même possible de dire que cette déclaration est bonne sous prétexte qu’elle pose comme condition la prédication de la foi avec la condamnation des erreurs et de leurs fauteurs et non pas seulement la possibilité de critiquer le concile, avec l’acceptation implicite que cette formule comporte. Admettre cette reconnaissance unilatérale entraînerait de fait l’intégration dans le panthéon des expériences religieuses et des formulations de fois, même en déclarant haut et fort le contraire. La vérité devient objectivement une simple opinion.

Mgr Lefebvre

Pourquoi alors n’avoir pas repris la déclaration de Mgr Lefebvre de 1974 puisque rien n’a changé, sinon en pire. Tout au plus, aurait-on pu l’introduire par un paragraphe pour dire justement cela et en profiter pour rendre hommage et remercier Mgr Lefebvre. Sans doute parce que la FSSPX dans ses dirigeants souhaitent changer de stratégie par rapport au fondateur et qu’il est mal aisé de le faire en mettant celui-ci en avant.

Pourtant, Mgr Lefebvre n’est-il pas cité dans cette déclaration aux points 2, 10 et 12 ? Certes et nous nous en réjouissons mais nous constatons que les citations choisies ne font pas état des propos dans lesquels il distinguait justement les deux Rome. C’est là pourtant qu’est l’explication lumineuse de sa position prudentielle. L’église conciliaire n’est pas l’Église catholique.

Mgr Williamson

Ne tenons-nous pas dans ce refus de distinguer les deux Rome, la véritable raison de l’exclusion de Mgr Richard Williamson du Chapitre Général de 2012 puis de la FSSPX ? Il n’a jamais caché son opposition à tout rapprochement avec la secte moderniste et rien n’a pu le faire changer. Cette persévérance lui a valu d’être considéré comme un sujet manquant à l’obéissance alors que sa position est toute de foi. Sa fermeté n’ayant pu être vaincue, il a été chassé pour sa fidélité comme son père dans l’épiscopat.

Conclusion

Que les supérieurs de la FSSPX fassent ce qu'ils veulent. Nous avons suivi Mgr Marcel Lefebvre parce que sa voix était l’écho du magistère de l’Église, de l’évangile, parce qu’en lui nous reconnaissions le bon pasteur : le pasteur connaît ses brebis et les brebis connaissent leur pasteur, elles écoutent sa voix. L'église conciliaire n'est pas la voix de notre pasteur, nous n’avons rien à faire avec elle ni avec ceux qui, même de cœur, s'attachent à elle.

Vincent Lhermite


Jn. X, 14 et s.    

On voit ici tout le problème que pose l’absence de distinction des deux Rome.

Il s’agit d’un Chapitre Général électif, il doit non seulement désigner le Supérieur Général mais aussi définir ou confirmer les orientations générales de la Congrégation.

Ce qui revient à ne fixer en réalité que trois conditions, dites sine qua non, et ce, sans en avoir l’air. Voici ces trois conditions incontournables : La prédication de la foi et la condamnation de l’erreur, l’usage exclusif de la liturgie de 1962, un évêque.

Il s’agit d’un Chapitre Général de gestion qui a lieu à mi-mandat pour dresser un premier bilan, il n’a aucune portée décisionnelle.

Jn. X, 14 et s.

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commentaires

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  • La politique est refoulée par les mêmes causes qui ont éliminé la religion. Dès lors, que reste-il de la société ? La science ? Mais la science ne donne aucun sens aux actes humains. Il est urgent de retrouver la mémoire de ce que nous sommes
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